La poésie est le fiat lux qui m’a mené sur la voie, étant entendu qu’un texte écrit est un tigre qui dort, et qu’il prend sa force, son feu et sa lumière en passant par les résonateurs du corps. Le langage commence, en effet, par les gestes sonores du bébé : les phonèmes fondamentaux, (Ab, Am, Ar et les autres…), marquant les étapes de croissance, vitalité et conscience ; et il n’y a rien d’intellectuel là-dedans.
Or, la parole poétique, lorsque l’on veut bien l’envisager dans sa totalité, recèle des forces, des dynamiques, des perspectives, des formes, des images et des intensités insoupçonnées… Réduite au seul sens compréhensible, la parole poétique est crucifiée par la civilisation castratrice de la sensibilité et négatrice de l’absolu. Et, le haut du clou qui la plaque au sol se nomme la tête.
Toute langue est, pourtant, d’abord une affaire de souffle, de son, de corps, de vibration, de geste et de rythme.